Comprendre les tests et bilans autour du diagnostic de l’autisme : un guide pour les parents
- Julia Lamme-Thomas
- 2 juin
- 5 min de lecture
Lorsqu’on commence à suspecter un trouble du neurodéveloppement chez son enfant, ou lorsque le mot "autisme" commence à résonner dans les discussions avec les professionnels, on entre dans un univers rempli d’acronymes, de bilans, de scores… et souvent de confusion. Cet article a pour but de vous aider à y voir plus clair, en expliquant chaque outil utilisé dans l’évaluation du trouble du spectre de l’autisme (TSA), avant et après le diagnostic.

Les bilans réalisés avant ou pendant le diagnostic.
1. ADOS ( Autism Diagnostic Observation Schedule )
En français : Échelle d’observation pour le diagnostic de l’autisme
L’ADOS est l’outil phare du diagnostic de l’autisme. C’est une évaluation standardisée, conçue pour observer les comportements caractéristiques de l’autisme.
Comment ça se passe ? L’enfant est invité à participer à différentes activités selon son âge et son niveau de langage. Il peut s’agir de jeux symboliques, de discussion, de mise en situation sociale... Ces interactions sont observées par un professionnel formé (psychologue ou pédopsychiatre).
Ce que cela évalue : Les compétences en communication, en interaction sociale, l’imagination, et la présence de comportements répétitifs ou restreints.
Comment sont interprétés les résultats ? Chaque comportement observé est noté selon une grille précise. Le score obtenu est comparé à des seuils, permettant d’identifier si l’enfant présente un profil compatible avec un TSA. L’ADOS seul ne suffit pas pour poser un diagnostic, mais il constitue un pilier essentiel de l’évaluation globale.
2. Bilan orthophonique
Ce bilan est souvent réalisé en amont du diagnostic si des difficultés de langage sont repérées.
Objectif : Évaluer le langage oral (compréhension, expression), les prérequis à la communication, la motricité bucco-faciale, et parfois la communication non verbale (regard, pointage, gestes...).
Comment ça se passe ? À travers des jeux, des images à nommer, des consignes à suivre, des récits à inventer… L’orthophoniste s’adapte au niveau de l’enfant.
Pourquoi c’est important ? Chez les enfants autistes, la communication est souvent atypique, et ce bilan permet de différencier un trouble du langage isolé d’un TSA, ou de repérer des besoins d’accompagnement.
3. Bilan psychomoteur
Objectif : Observer la motricité globale (équilibre, coordination), la motricité fine (préhension, graphisme), le schéma corporel, l’ajustement postural, mais aussi les capacités attentionnelles et sensorielles.
Déroulement : L’enfant est amené à faire des parcours moteurs, des activités graphiques, des jeux de rythme, etc. Le professionnel repère la qualité du tonus, l’orientation spatiale, le lien au corps et à l’environnement.
Pourquoi ? De nombreux enfants TSA présentent des particularités motrices ou sensorielles : maladresse, évitement tactile, besoin de bouger constamment… Ce bilan permet de mieux comprendre leur fonctionnement corporel.
4. Profil sensoriel (Dunn ou autres )
Objectif : Identifier les hypersensibilités ou hyposensibilités sensorielles dans les différents canaux (auditif, visuel, tactile, olfactif, gustatif, vestibulaire…).
Comment ça marche ? Il s’agit souvent de questionnaires remplis par les parents, parfois associés à des observations directes.
Pourquoi ? L’enfant autiste peut être submergé par certains stimuli (bruits, lumières), ou au contraire chercher des stimulations intenses (toucher, sauter). Comprendre ces besoins permet d’adapter son environnement et d’améliorer son bien-être.
Les évaluations réalisées après le diagnostic pour affiner les prises en charge.
5. VB-MAPP ( Verbal Behavior Milestones Assessment and Placement Program )
En français : Évaluation des jalons de développement du comportement verbal et du placement éducatif
C’est quoi ? Un outil d’évaluation développé par le Dr Mark Sundberg, qui s’appuie sur les principes de l’analyse du comportement appliquée (ABA).
Ce que cela évalue :Les compétences langagières, sociales, pratiques, et d’apprentissage de l’enfant, de manière très précise et hiérarchisée.
Comment ?À travers des observations, des interactions, des mises en situation, le professionnel évalue si l’enfant atteint certains "jalons" du développement (par exemple : demander, imiter, suivre une consigne, faire un jeu simple, etc.).
Pourquoi c’est utile ? Il permet de définir un plan d'intervention individualisé. On peut ainsi suivre l’évolution, fixer des objectifs ciblés, et ajuster les méthodes d’apprentissage.
6. Vineland-II ( Vineland Adaptive Behavior Scales – 2ème édition )
Objectif : Évaluer le fonctionnement adaptatif de l’enfant, c’est-à-dire sa capacité à agir de manière autonome dans la vie quotidienne.
Ce que cela explore :
Communication
Autonomie (habillement, hygiène, alimentation...)
Compétences sociales
Motricité
Comment ça se passe ? C’est un entretien ou questionnaire rempli par les parents ou les éducateurs, basé sur les comportements observés au quotidien.
Pourquoi c’est essentiel ? Il aide à adapter les objectifs éducatifs et de soins, en prenant en compte les forces et les difficultés concrètes dans la vie de tous les jours.
7. BECS ( Batterie d’Évaluation Cognitive et Socio-émotionnelle )
Développée spécifiquement pour les enfants avec autisme ou troubles du neurodéveloppement, cette batterie permet de dresser un profil cognitif plus juste que les tests classiques (souvent inadaptés à ce public).
Domaines explorés :
Fonctions attentionnelles
Raisonnement non-verbal
Mémoire de travail
Cognition sociale
Compréhension émotionnelle
Pourquoi ce test ? Il met en lumière les ressources et les points de fragilité cognitifs, pour personnaliser les approches éducatives et thérapeutiques.
8. COMVOOR ( Communication, Vorm en Voorstelling )
Test d’origine néerlandaise, adapté en France, utilisé surtout dans les établissements spécialisés ou les structures utilisant la communication alternative (comme PECS).
Ce que cela évalue :
Le niveau de représentation mentale de l’enfant (capacité à comprendre des objets, photos, pictogrammes, symboles).
Le canal de communication le plus adapté (objets concrets, images, pictos, langage...).
Pourquoi ? Pour choisir le bon support de communication alternative chez les enfants non verbaux ou peu verbaux, et éviter de proposer des outils inadaptés.
En résumé
Nom du test | Objectif principal | Moment | Par qui ? |
ADOS | Observation des comportements autistiques | Avant/during diag | Psychologue |
Bilan orthophonique | Langage et communication | Avant/during diag | Orthophoniste |
Bilan psychomoteur | Motricité, attention, sensorialité | Avant/during diag | Psychomotricien |
Profil sensoriel | Hypersensibilité / hyposensibilité | Avant/After | Divers professionnels |
VB-MAPP | Jalons de développement et plan éducatif | Après diag | Analyste du comportement |
Vineland-II | Compétences adaptatives | Après diag | Psychologue |
BECS | Évaluation cognitive adaptée | Après diag | Neuropsy / Psychologue |
COMVOOR | Niveau de représentation et support de com | Après diag | Éducateur / orthophoniste |
Conclusion : s’orienter dans le monde des bilans avec plus de sérénité
Entrer dans le parcours du diagnostic de l’autisme, c’est souvent se retrouver face à une série de tests, d’acronymes et de bilans qui peuvent donner le vertige. Pourtant, chacun de ces outils a un rôle bien précis : comprendre comment fonctionne votre enfant, mettre en lumière ses forces, repérer ses besoins, et guider les accompagnements les plus adaptés.
S’il est parfois frustrant de ne pas tout comprendre tout de suite, ou d’avoir l’impression que ces évaluations mettent votre enfant dans des cases, rappelez-vous qu’elles sont là pour l’aider à mieux grandir dans un monde qui ne parle pas toujours son langage.
Si vous vous sentez perdus, n’hésitez pas à poser toutes vos questions aux professionnels qui vous entourent. Vous êtes et resterez les premiers experts de votre enfant.
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